Le Duc de Bourgogne aux Magistrats de Dijon
(Archive de Dijon. Reg.I.3170)

A nos très-chiers et bien amez les Maire et Eschevins de notre ville de Dijon.
De par le Duc de Bourgoingne, etc.
Très-chiers et bien amez, Pour ce que nous sommes délibérez et concluz de bien brief tirer à tout notre armée et les nobles de noz pays de par deça, que à ceste fin avions fait mettre suz vers Joigne et d'ilec sur les passaiges d'Alemaigne, en intention de, à l'aide de Dieu et de Mgr. Saint George, vengier et délivrer nos paiz et subjets de Bourgoigne et ceulx de la Maison de Savoie des Suichois, Valisiens et autres Alemans, qui jusques ores se sont ingérés de leur faire et porter plusieurs injures, oppressions et dommaiges, et pour ce faire mettre nous et notre armée aux champs. Pourquoi sera besoing d'estre fourny et avoir grant quantité de vivres, tant pour gens que pour chevaulx, nous escripvons devers vous et voulons, et vous mandons expressément que, incontinent cestes veues, vous ordonnez et commandez de par nous à tous marchans et autres nos subjets de notre ville de Dijon, qu'ils se fournissent de toutes manières de vivres comme pain, vin, chars, harens, poissons, avoine, et aultres quelsconques provisions nécessaires, tant pour gens comme chevaulx, pour diligemment les amener devers nous et ceulx de notre dite armée quelque part que soions, pour les y distribuer aux gens de guerre. Et en ce ne faictes faute, sur tant que doubtez encourir notre indignacion et d'estre tenus et réputez rebelles et dèsobéissans envers nous. Car notre plaisir est tel. Très-chiers et bien amez, N.S. soit garde de vous. Escript en la Cité de Besançon le XXIX jour de Ianvier LXXV (l'année commence à Pâques)

(M. 19 Archive de Dijon. Reg.III.30)

A nos très-chiers et bien amez les Maire et Eschevins de notre ville de Dijon.
De par le Duc de Bourgoingne, etc.
Très-chiers et bien amez, Pour ce que nous avons bon besoing d'estre fourny de bonne artillerie, que n'en avons présentement avec nous, pour nous remettre en camp. Nous vous requerons bien acertez et affectueusement, que vous vueillez bailler et délivrer au maistre de nostre artillerie par manière de prest, toute l'artillerie grosse et menue estant en notre ville de Dijon, pour nous en servir en ce présent voiaige et nous vous promectons par cestes, en parolle de prince, de la vous faire et restituer entièrement en notre retour du dit voiaige. Et en ce faisant vous nous ferez chose très-agréable, dont nous aurons bonne souvenance cy-après envers vous, quand vous requerrez d'aucune chose. Si n'y veuillez faire faulte. Très-chiers et bien amez, N.S. soit garde de vous. Escript à Nozeroy le VIIIe jour de Mars DXXV.

(M. 37) Le Duc de Bourgogne au sieur du Fay de Luxembourg. (Barante XXI. 66)

Nous vous mandons et commandons, très étroitement enjoignons, qu'incontinent et sans délai tous ceux de nos ordonnances, tant hommes d'armes, archers, arbalétriers, qu'enfants à pied ou autres gens de guerre, qui dernièrement ont été avec nous aux champs, que vous trouverez, vous les preniez et appréhendiez au corps, quelque part que vous pourrez les trouver, et que les prestement, sans attendre autre ordonnance ou commandement de nous, vous les mettiez au dernier supplice sans nul épargnier et sans faveur et dissimulation aucune. Quant aux archers, arbalétriers, piquiers et couleuvriniers, qui de nouveau viennent à notre service, et sont à présent sur les champs, il leur est ordonné et commandé de par nous, sous la même peine, de marcher en toute dilligence vers nous, sans faire aucun séjour en chemin; et s'ils y faisaient quelque délai, notre plaisir est, que vous procédiez contre eux dans la forme ci-dessus déclarée, sans y faire faute en aucune manière.

Donné à notre camp devant Lausanne, le 12 Mars.

(M. 397) Le Duc de Bourgogne aux Magistrats de Dijon (Archive de Dijon. Reg.III.37)

A nos très-chiers et bien amez les Maire et Eschevins de notre ville de Dijon.
De par le Duc de Bourgoingne, etc.
Très-chiers et bien amez, Nous avons receu voz lettres, escriptes en notre ville de Dijon le XIe de ce mois, que par le porteur de cestes votre messaigier escriptes et envoiées nous avez. Et pour ce que par vosdictes lettres désirez savoir de notre estat et prospérité dont vous mercions, il est vray que, à la façon de cestes, nous estions en bonne santé et disposition de corps, grâces à Dieu, et avons esté la nuyt passée veillant et debout en intencion de marcher à tout notre armée au devant de noz ennemis, prouchains de nous à deux petites lieues et lesquelz, comme l'on nous avoit rapporté, s'estoient uniz et assemblez pour plus avant nous aprouchier et combattre et les actendons de heure à autre. Ce que vous signiffions et voulons, que semblablement en advertissiez les gens d'église, manans et habitants en notre dite ville de Dijon, tant en général que en particulier, auxquels prions et requerons par cestes de faire processions et oroisons continuelles à Dieu notre créateur, à la glorieuse Vierge Marie sa mère et à toute la cour Célestial de Paradis, afin d'estre en notre aide et tellement propérer, que puissions avoir et obtenir bonne victoire à l'encontre d'iceulx noz ennemis. en quoy faisant, nous ferez chose très-aggréable, que recongnoistrons par effet, quant d'aucune chose requérir nous vouldrez, que faire puission. Très chiers et bien améz. N.S. soit garde de vous. Escript en notre camp les Morat, le XVIe jour de juing LXXVI.

(M. 411) Guill. de Rochefort aux Magistrats de Dijon
(Archive de Dijon. Reg.III.36)

Messieurs les Mayeur et habitans de la ville de Dijon, mes très-espéciaulx sires et frères.
Messieurs, Je me recommande à vous le plus que je puis. J'ay présenté voz lettres à Notre souverain seigneur, qui grâces à Dieu est en bon point de sa personne, et a fait approcher ceste ville de Morat, laquelle peut beaucolp servir à ses intencions. Je ne scay, se elle sera secourue par les ennemis, mais vous ferez bein de continuer les procession de plus en plus.
Au regard de la matière, dont me fut parle par Nicolas Humbert, je cuide que rien ne se fera encores et suis certain, que le cas advenant vous nous demonstréres bons et saiges. Mon povoir est comme nul ou du moins très-petit en toutes choses, mais le vouloir est, que toutes affaires fuyent adressées ainsi, que Dieu scet estre pour le mieulx. Auquel je prie vous avoir en sa sainte et benoitre garde. Escript au camp de Morat le XVIIIe de juing.

Le tout vostre entierement

Lettre du Roy Louis XI a Monsieur de Dunois sur le Comte de Campobasche
(M.340.)(Lenglet, en Commines,édit.Godefroy III.484.)

     Monsieur de Dunois, j'ay receu vos Lettre par vostre homme, la déposition du poursuivant du Comté de Campobaso, et les Lettres, qu'ils luy portoit: vous pouvez bien delivrer ledit poursuivant et si vous pouvez gaigner sondit Maistre et qu'il eust voulenté d'estre des miens et soy déclarer entierement, j'en serois bien contant; et pourrez dire au poursuivant, que je appointerois sondit Maistre de pension et luy d'un bon office, en maniere, qu'ils en devroient estre contens : parlez-en comme de vous-mesme; s'ils vous dit, que son Maistre n'y voudroit entendre, laissez-le aller, et n'en parler. A lyon, le cinquiesme jour de Juin.

Panigarola an den Herzog von Mailand
(M.387.)

     Mein Erlauchtester, Vortrefflichster Herr ! -- Wenn diese Schweizer, die beisammen sind, innert den nächsten drei oder vier Tagen gegen das hiesige Lager anrücken sollten, so würde es muthmasslich morgen sein, denn immer thun die am Sabbath, was sie unternehmen wollen, mehr als an einem andern Tage. Was geschehen wird: Ihre Herrlichkeit, der ich mich empfehle, werde ich von Allem benachrichtigen --Aus dem Lage gegen Murten, am 14. Tag des Juni 1476 
     Es zeichnet: der Diener Johannes Petrus Panicharola

Nouvelle ordonnance militaire faite par le duc de Bourgogne au camp de Lausanne en mai 1476.
(traduit par Fr. de Gingins Dep. Mil. CC.)

Le duc, considérant que son armée est nombreuse par rapport au pays, pour agir ainsi qui'il aurait désiré par grandes masses, décide dans son ordonnance de diviser pour la prochaine campagne, ses troupes en quatre corps d'armée, chacun de ces corps formant deux lignes de batailles, de manière à avoir ainsi huit lignes de bataille.

Chaque ligne de bataille sera composé de 500 fantassins, formant le corps principal placés entre deux compagnies de 100 lances, dont les archers au moment du combat, séparés de leurs hommes d'armes, formeront deux corps distincts, de 300 archers chaque, placés aux deux ailes entre les fantassins et les hommes d'armes. De sorte que chaque ligne de bataille sera composée elle-même de cinq corps ou troupes différentes.

Le duc nomme des chefs supérieurs pour les trois premiers corps d'armée (sans mentionner le 4me corps), des capitaines-colonels pour les huit lignes de bataille, et désigne avec soin le nombre et le nom des compagnies avec leurs chefs, ainsi que l'infanterie, qui doit se trouver dans chaque ligne de bataille.

De plus, il forme un corps de réserve, sous les ordres du maréchal des logis, pour la garde de l'artillerie et des convois de vitres, et le maintien de la police dans les camps.

La 1re ligne de bataille aura 1,000 fantassins au lieu de 500 (apparemment parce que c'est à cette ligne à soutenir le premier choc de l'ennemi).

La 2de ligne de bataille se trouve aussi formée d'une manière exceptionnelle. Le duc s'en occupe à plusieurs reprises dans son ordonnance, cette ligne devant être formée des troupes de sa maison.

Les 3me, 4me, 5me, 6me et 7me lignes de bataille seront formées régulièrement.

Quant à la 8me, composée des Bourguignons et des troupes de Savoie que le duc attend et dont il ignore encore le nombre, il se réserve de donner plus tard les ordres qui devront la concerner. - Il donne provisoirement le commandement de cette ligne au sire de Neuchâtel, mais à l'arrivée des troupes de Savoie au comte de Romont :  tableau

Le duc ne donne pas de commandement spécial au Grand-Bâtard, désirant qu'il soit attaché à sa personne en qualité de maréchal-général de l'armée pour la prochaine campagne. Le duc s'occupe fort en détail dans son ordonnance de l'ordre de bataille, de l'ordre de marche et de campement, ainsi que de la discipline à tenir dans les troupes.

Ordre de bataille

Les mouvement s'opéreront par ligne de bataille dans l'ordre indiqué dans le tableau précédent. L'infanterie se placera en ligne au centre, les hommes d'armes sur le même front aux deux extrêmes de droite et de gauche, et les archers entre l'infanterie et les hommes d'armes, protègeront les deux ailes des fantassins. Les mêmes mouvements s'opéreront successivement pour chaque ligne de bataille, laissant aux chefs supérieurs et aux capitaines de colonnes le soin de juger d'apèrs le terrain à quelle distance devra être chaque ligne de bataille.

Le duc entre dans quelques détails en ce qui concerne la seconde ligne de bataille, composée des troupes de sa maison. -- Elle se formera de même sur une seule ligne de bataille, observant de la droite à la gauche pour chaque troupe l'ordre indiqué dans le tableau. Seulement au moment du combat le duc ordonne que le maître d'hôtel,
accompagné du grand-ecuyer, aille prendre la bannière du duc, confiée pour la marche aux archers de la garde, aux chambellans et aux gentilshommes de la Chambre, et que déployant ladite bannière au nom de Dieu, de Notre-Dame et de St-Georges, il l'apporte à l'aile droite aux gentilshommes des quatre Etats, à la garde desquels la bannière sera confiée pendant tout le combat, et ils devraont l'accompagner partout où le capitaine de la ligne de bataille ainsi que le duc, jugeront à propos de la faire conduire.

Ordre de marche

Pour la marche, chaque ligne de bataille se mettra en colonne dans l'ordre suivant: Les hommes d'armes des deux compagnies, formant la tête de colonne, les archers de ces compagnies et enfin les fantassins fermant la marche.-- Le duc laisse au choix du capitaine de colonne de marcher selon le terrain, sur une, deux ou trois rangs; ou même de rompre par chambrée, six de front; par escouade, soit 25 ou 50 hommes; par compagnie, soit 100 hommes, observant seulement le même mode de marche soit simultanément suivi par les cavaliers et l'infanterie dans toute l'étendue de la colonne, sans permettre surtout que les fantassins perdent leurs distances et fassent queue.

Chaque ligne de bataille, convertie en colonne, sera tenue d'opérer ainsi sauf la seconde ligne de bataille, celle de la maison du duc. Lorsque les homme d'armes s'avanceront par escadres, les archers et fantassins iront par centaines, et lorsque les hommes d'armes s'avanceront par chambrées, les archers iront par 25, d'un seul front, et les fantassins par 50, sans autre commandement.

A la gauche de l'armée, précédée et escortée des compagnies de réserves du maréchal de logis, s'avancera l'artillerie légère, les convois de vitres et les bagages des hommes d'armes, le tout à dos de mulets ou chevaux, et dans le même ordre que les colonnes, c'est-à-dire, d'abord les convois appartenant à la 1re colonne, puis ceux de la 2me, et ainsi de suite. Après les convois suivront, sur des chars, la grosse artillerie, les tentes et tout le gros matériel de campement, et il sera permis aux cabaretiers des troupes munis de chevaux, de suivre les chars. En cas que les colonnes marchent sur un rang, il sera permis à l'artillerie légère et aux convois de vivres et de bagages de s'avancer sur le flanc des colonnes. Ou si ces colonnes marchent sur deux rangs, l'artillerie et les convois occuperont le milieu de la route. Et en dernier lieu, si les colonnes s'avançaient sur trois rangs, il s'établirait deux lignes de convois, une entre chaque rang.

La conduite et la surveillance des convois est sous la responsabilité immédiate du maréchal des logis.

Campement

Le campement sera divisé en cinq parties, dont l'une sera pour le maréchal des logis et les quatre autres pour les quatre corps d'armées.

La 1re partie, réservée au maréchal des logis et au premier écuyer d'écurie, sera confiée à la garde du corps de réserve, l'artillerie s'y trouvera parquée ainsi que le gros matériel.

Le maréchal des logis sera chargé de faire loger la troupe dans l'ordre suivant:

La partie du camp destinée à chaque corps d'armée, se divisera d'abord en deux quartiers distincts pour ces deux lignes de bataille, puis chacun de ces quartiers se divisera en trois autres sections, dont deux pour les compagnies et la 3me pour les fantassins de chaque ligne de bataille. De plus, les commandants de compagnies feront camper séparément les hommes d'armes et les archers et logeront par compagnie, escadres et chambrées. De même les fantassins se logeront par centaines, par quart, de 25 hommes, etc.

A chaque chef supérieur sera réservé un logement au centre de son corps d'armée de même les capitaines seront logés au centre de leur ligne de bataille, les chefs de compagnie au centre de leur compagnie, les chefs d'escadres et de chambrées au milieu de leurs troupes.

Le duc recommande aux chefs supérieurs, aux capitaines de bataille, en arrivant au camp, de ne descendre de cheval que lorsque toutes leurs troupes seront installées dans leur logement. Et d'envoyer constamment leurs écuyers ou des gens d'armes en éclaireurs autour du camp, afin d'avoir des nouvelles de l'ennemi et d'éviter toute surprise.

Discipline

Le duc défend sous peine mort, à aucun homme, quel que soit son grade et sa qualité, de quitter la partie du camp qui lui a été assignée pour logement, ou de quitter son rang pendant la marche, lors même que l'ennemi ne serait pas en vue.-- Il défend aussi sévèrement que personne ne se permette de prendre des effet ou vitre en pays ami, sans en payer la valeur d'après la taxe établie à cet effet. Le pillage en pays ennemi sera toléré, mais les ornement et tout ce qui tient au service des Eglises, seront choses sacrées pour les troupes et personne n'y touchera.

De même les femmes et les enfants des ennemis seront respectés. Le viol sera puni de mort. Il est de même défendu, sous peine sévère, aux troupes de jure, blasphémer contre Dieu, les Saints-Evangiles et la religion. Toutes les femmes de mauvaise vie auront à quitter le camp avant l'entrée en campagne.

Le maréchal des logis sera responsable envers le duc de l'exécution rigoureuse de la présente ordonnance, il emploiera son corps de réserve au maintien du bon ordre et de la police dans le camp.

Tout homme passible d'une forte punition ou de mort, sera amené devant le maréchal des logis, qui fera exécuter la peine par son prévôt, après avoir préalablement reçu l'autorisation du duc.

Lors de la levée du camp, c'est le maréchal de logis qui en donnera le signal après en avoir reçu l'ordre du duc, et de même ce sera au maréchal des logis, aidé du premier écuyer d'écurie, à poser et établir les nouveaux camps sur les emplacements désignés à cet effet par le duc.

Le duc prévient ses troupes que l'entrée en campagne sera très prochaine, dans le délai de 4 à 5 jours, à moins que l'ennemi n'attaque d'ici-là.

Il recommande à ses gentils hommes et à tous les chefs de se pourvoir au plus tôt, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs gens, dans les environs ou à Genève, de tout ce qui peut encore leur manquer en faits d'armes et d'équipement, leur recommandant de chercher la bonne qualité plus que la belle apparence.

Le duc termine, en invoquant l'aide du Père, du Fils et du St-Esprit sur son armée, afin qu'elle acquerre la force, l'énergie et la volonté nécessaire à l'observation rigoureuse de la présente ordonnance.

***

Die Urkunden der Belagerung und Schlacht von Murten im Auftrage des Festcomites auf die vierte Säkularfeier am 22. Juni 1876. Gesammelt von Gottlieb Friedrich Ochsenbein evang. Pfarrer zu Freiburg / Buchdruckerei Ed. Bielmann 1876.

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