Biblio. cant et uni de Lausanne ms88
feuillet avec filigrane à l'ours
auteur anovyme (XVIe ?)
présenté dans la Thèse Alfred Schnegg "Les Entreprises du Duc de Bourgogne contre les Suisses, Edition critique 1948
CHARLES DE BOURGOGNE ET SEZ GENS
L'an 1475 dès la Nativité du Sauveur, un jour de sammedi au matin, jour saind Denys, ont couru le pais de Vaud et les bonnes villes
aussi des Bernois et Fribourgeois. Prenrent Murat, la Baronie de Montagnies et Payerne, sans faire résistance, et le mardi suyvant, faite la journée d'Estavayé,
que l'on dit la male journée, car beaucoup de gens d'emportance y furent occis et peurement meurtris.
Le lendemain ces dessusdits bruslerent le chasteau de Fons. Le jour suyvant ils allerent devant Yverdun. Lesquels firent un peu de rebellion,
mais à la fin ils se rendirent. Cossonay, Morges, Nyon, Rue, Romond, Moudon, Surpierre firent tant alors par leurs tours, qu'ils ne furent destruits.
Mais l'année apprès le jour de la Purification, ledit de Bourgogne avec un grand nombre de gens mit le siege devant la ville de Grandson,
là où il fit grande exequution des Allemans, ce qui luy cousta cher puis après. Puis s'en leva ses voyes contre Neufchastel.
Et estant son baguage et artillerie devant auprès d'une Chartrousse appellée la Lance fut rencontré des Allemans, et tellement deschassé qu'il perdit
son artillerie et des richesses à foison. Luy tout indigné avec ses gens se rallia et s'en retourna à Lausanne, où il demeura un terme de temps,
et puis ce mesme an avec son ost et belle compagnie vient mettre le siege devans Murat où il fut lourdement battu.
Car l'avant veille saind Jean Baptiste Nativité, jour des Dix Mille Martyr fut journée horrible et
espouvantable pour ledit Duc et ses gens,
grand nombre de morts, vingt mille combattans par le rapport des Allemans. Lesquels furent en ce temps seigneurs et maistres du pais, deschasserent
le duc de Bourguogne et sa compagnie jusques à Gex, là où il fit un petit faict cerchant de prendre deux enfans de la maison de Savoye,
lesquels on sauva par les bledz. Il trouva la dame venant de Geneve audit Gex, laquelle estoyt sœur du royde France. Il la mena en La Riviere,
et puis alla devant Nancy sans retourner. Il fut perdu, l'on ne sçayt qu'il fut devenu. Le conte de Romond perdit son païs à cause de luy.