Extrait ISBN 3-85577-125-1 

Page 757 du troisième volume de la Chronique bernoise officielle «Berner Chronik» de Diebold Schilling

La famille de Diebold Schilling était venue à de Bienne à Berne après avoir séjourné quelque 
temps à Soleure. A Berne, Diebold revêtit diverses charges officielles et appartint aussi au 
Conseil des Deux-Cents. Dans la période décisive de 1460 à 1476, il fut suppléant du 
chanceler. A ce titre, il était en relations suivies avec les hommes qui dirigeaient Berne; très 
souvent, il tenait le procès-verbal des séances du Conseil. Au cours des guerres de Bourgogne, 
il fut en campagne à différentes reprises. Etait-il à Morat? On peut en douter. Son récit n'a pas 
la fraîcheur spontanée qui caractérise, par exemple, celui du Lucernois Etterlin. Schilling s'est 
attaché à dégager les lignes générales de la bataille, compilation de témoignages qui ne 
pouvaient provenir que des milieux dirigeants de Berne. Mais il est presque certain qu'il a visité 
le champ de bataille et gardé une vision très précise des lieux. Il avait déjà rédigé, à titre privé, 
des travaux sur l'histoire précédant les guerres de Bourgogne; le 31 janvier 1474, l'avoyer 
Adrien de Bubenberg et le Petit Conseil le chargent d'écrire la chronique officielle de la ville. 
œuvre fut achevée en 1483. Pour la période allant de la fondation de la ville à l'année 1474, 
Schilling a démarqué les chroniques antérieures; pour les événements précédant les guerres de 
Bourgogne, il a remanié les textes qu'il avait lui-même rédigés. Le troisième volume de la 
chronique, qui en est aussi le plus long, est entièrement consacré aux guerres de

Bourgogne, que Schilling suivit avec une attention passionnée. On incline à nouveau, 
aujourd'hui, à penser (BibI. N°l) que c'est Schilling lui-même qui a dessiné et peint les plusieurs 
centaines d'illustrations, la plupart en pleine page, qui enrichissent sa chronique. N'oublions pas 
que les hommes de cette époque-là étaient animés par une puissante volonté créatrice. Le 
manuscrit en trois volumes se trouve à la Bibliothèque des Bourgeois de Berne, sous la cote 
Mss. hist. helv.I, 1-3.

Page 660 de la Grande Chronique des Guerres de
Bourgogne (Grosse Burgunderchronik) de Diebold Schilling, à Zurich

Ce manuscrit est le projet rédigé par Schilling en vue du troisième volume de sa Chronique 
officielle; il suit les événements d'un peu plus près encore que le manuscrit bernois. Après la 
mort de Schilling (1486), sa veuve vendit ce projet à Zurich, où il devait servir de modèle à une 
chronique zurichoise officielle. Dès 1486, le manuscrit fut utilisé par le fils adoptif de Hans 
Waldmann, le chroniqueur zurichois Gerold Edlibach, pour sa Chronique fédérale 
(«Eidgenossische Chronik»). D'après une étude récente l'illustration de ce manuscrit, désigné 
comme le «Schilling zurichois», est peut-être due à un jeune artiste, Hans Fries, qui devait 
devenir par la suite le peintre officiel de la ville de Fribourg Plus naïves que celles de la 
Chronique bernoise officielle, mais très spontanées, ces illustrations témoignent de dons 
artistiques certains. Le manuscrit se trouve à la Bibliothèque Centrale de Zürich, sous la cote 
A5.

Double page fol. 107b / 108a de la Chronique lucernoise (« Luzerner Chronik»)
de Diebold Schilling le Jeune

Cette chronique a été rédigée entre 1509 et 1513. Son auteur est le neveu du chroniqueur 
bernois. De nature instable, souvent empêtré dans des intrigues, ce qui n'avait rien 
d'exceptionnel à l'époque, Diebold le Jeune étudia à Bâle et à Pavie, participa à la campagne de 
Nancy, fut mêlé à une rixe d'étudiants à Bâle, puis devint notaire et entra au service de la 
chancellerie de Lucerne. Il est surprenant de noter qu'en ce qui concerne les guerres de 
Bourgogne, il ne reprit pas le texte de son oncle, mais celui de la Chronique fédérale du 
Lucernois Petermann Etterlin, qui, dans sa jeunesse, avait participé à la bataille de Morat, se 
battant à l'avant-garde. Etterlin n'écrivit sa chronique qu'en 1505-150 Il lui est arrivé de 
confondre certains détails mais son récit reste celui d'un témoin direct. Ce qui fait le prix de ce 
qu'on appelle le «Schling lucernois», ce sont les 443 illustrations, pleine page pour la plupart, et 
dont les deux tiers à peu près sont dues à Schilling lui-même. Parmi celles-ci figure la double 
page consacrée au panorama de la bataille de Morat. Même s'il n'a été peint qu'en 1511-1513, 
nous pouvons, à bon droit, le qualifier de contemporain de l'événement: il est la première 
reproduction, et la plus fidèle - alors qu'elle est fortement réduite et simplifiée, et même si elle 
comporte quelques erreurs d'interprétation -, du grand tableau de la bataille que le Bernois 
Heinrich Bichler peignit en 1480 pour la Salle du Conseil de Fribourg et qui a été détruit très tôt. 
C'est de ce tableau que Martin Martini s'est également inspiré en 1609 pour sa gravure 
représentant le panorama de la bataille de Morat. La Chronique lucernoise de Diebold Schilling 
le Jeune est conservé à la Bibliothèque Centrale de Lucerne.

Les enluminures des chroniques sur la bataille de Morat se distinguent de toutes les autres 
illustrations des vieilles chroniques suisses par leur extraordinaire fidélité géographique et 
topographique et, du même coup, par leur grande exactitude dans la représentation de 
l'événement. En outre, elles présentent une grande parenté, en retenant très souvent les 
mêmes épisodes, parfois les mêmes figures. Il arrive par contre que d'autres épisodes 
manquent dans telle ou telle image, à moins qu'ils ne soient représentés différemment. La seule 
explication réside dans le fait que toutes ces illustrations sur la bataille de Morat - il y en a 
plusieurs dans chaque chronique - sont liées d'une manière ou d'une autre au tableau, pour 
ainsi dire contemporain, de Heinrich Bichler. Cela ne signifie pas seulement que les illustrateurs 
ont emprunté, au tableau de Bichler, des détails qu'ils ont ensuite réduits au format de leurs 
feuillets, mais aussi qu'il devait exister des ébauches et des esquisses, peut-être dues à des 
témoins oculaires et dont on retrouve l'influence aussi bien dans l'œuvre de Bichler que dans 
les deux manuscrits de Schilling. Même si nous admettons que Schilling n'ait pas pris part lui-
même à la bataille de Morat, il est parfaitement plausible qu'il ait fait des dessins, peut-être sur 
les lieux mêmes, d'après les récits de témoins dignes de foi, et qu'il ait peut-être mis ses 
dessins à la disposition de Bichler, pour autant que ce dernier n'ait pas assisté personnellement 
à la bataille. Si Hans Fries est vraiment l'illustrateur de la Grande Chronique des Guerres de 
Bourgogne, il est aisé d'expliquer qu'il ait connu le tableau de Bichler, puisque, âgé alors de 
treize à quinze ans, il a aidé Bichler à le peindre. Lors de la remise de l'œuvre en 1480, le 
Conseil de Fribourg récompensa Fries de sa collaboration en lui remettant un habit précieux. 
Mais, lors de la bataille de Morat, Fries avait tout au plus onze ans et n'a donc pu en être le 
témoin oculaire, si bien qu'il n'aurait guère pu fournir lui-même des esquisses. Mais Bichle avait 
son atelier à Berne et Fries faisait son apprentissage dans la même ville: il est, dès lors, tout-à-
fait possible que Fries ait reçu de Schilling ou de combattants bernois des indications ou des 
esquisses qu'il a utilisées plus tard, en 1484 - 1485, pour illustrer sa Grande Chronique, 
indépendamment du tableau de Bichler. C'est ainsi que peuvent s'expliquer les différences qui 
apparaissent en dépit d'une indéniable parenté. Quoi qu'il en soit, les illustrations de la 
Chronique bernoise officielle, de la Grande Chronique des Guerres de Bourgogne à Zurich et 
de la Chronique lucernoise de Diebold Schilling le Jeune constituent un ensemble de premier 
ordre de documents iconographiques, vraiment contemporains et se complétant les uns les 
autres, sur la bataille qui eut lieu à Morat le 22 juin 1476.