Signes de reconnaissance
Bourgogne / Suisse
Les origines du culte de saint André en Bourgogne
Plusieurs facteurs contribuent à expliquer le choix du patronage de
saint André par le duc Jean sans Peur : le contexte politique troublé
par le conflit franco-anglais et les guerres intestines, la valeur emblématique
de la croix à la même époque et le prestige dont l'apôtre était auréolé
dans l'Orient des croisades. Mais les historiographes bourguignons qui
ressentaient le besoin de justifier ce choix politique ont forgé des
traditions en vue d'établir l'ancienneté de la dévotion à saint André
dans le duché. Celles-ci s'articulent autour de deux récits légendaires :
la translation de reliques de saint André par le roi burgonde Étienne et
les origines scythes du peuple burgonde.
Les aspects variés du culte de saint André en Bourgogne
Sous Jean sans Peur, la croix de saint André a cristallisé nombre de
passions identitaires. Devenue le signe de ralliement des partisans
bourguignons, elle fut rapidement érigée au rang d'emblème dynastique.
Philippe le Bon puis Charles le Téméraire contribuèrent, quant à eux,
à officialiser le culte de saint André en Bourgogne, en plaçant l'ordre
de la Toison d'or sous le double patronage prestigieux de la Vierge et de
l'apôtre André et en reprenant son effigie sur leurs monnaies et sur
leurs étendards militaires. De ce fait, la double figure du saint et de
sa croix devint une composante essentielle de la représentation de la
maison de Bourgogne, étroitement liée à la célébration de la gloire
des ducs.
Charlotte DENOËL
/ Culte et iconographie de saint André en France (Ve - XVe siècle)
Histoire et symbolisme de la Croix suisse par Emil Dreyer
En 1291 les cantons
primitifs conclurent un pacte éternel pour se défendre mutuellement.
En 1339 ils partirent en aide de la ville de Berne, qui était en guerre
avec les seigneurs savoyards. Puisque chaque canton était parti sous sa
propre bannière et qu'on ne connaissait pas d'uniforme, il fallait un
signe de ralliement pour se reconnaître pendant la mêlée de la
bataille: quoi de mieux que la croix, symbole du Christ tout puissant.
Le pacte éternel avait été fait sous les yeux de Dieu, et un tel
serment était sacré. L'amitié entre Berne et les cantons primitifs était
sacrée elle aussi. Loin d'être simplement une marque distinctive, la
croix des premiers confédérés symbolisa la foi, le pacte éternel, la
bienveillance divine, mais aussi la conviction chrétienne de poursuivre
une cause juste (une croisade). Les confédérés, avec des croix en
bandes de toile blanche fixées ou cousues sur leurs vêtements, emportèrent
la victoire à la bataille de Laupen, en 1339.
Depuis ce temps, et jusqu'au 16e siècle,
les confédérés portaient la croix blanche sur leurs tuniques d'armes
et aussi sur les armes comme signe de ralliement. La bannière du canton
ne sortait qu'en cas de danger majeur, mais pour les campagnes
d'importance mineure existaient des fanions, lesquels en général ne
montraient que les couleurs du canton avec une mince croix blanche en
signe d'appartenance à la Confédération. Les contingents mixtes (par
exemple en garnison aux territoires communs, tels la Leventine) avaient
un pennon triangulaire rouge à la croix blanche traversante,
probablement inspiré par le pennon militaire de Berne, puissance hégémonique
de l'ancienne Confédération, et qui était justement rouge à la croix
traversante blanche.
Peut-être le culte des Dix Mille
Martyrs (la vénération des saints Maurice, Victor, Ursus et leurs
camarades de la légion thébaine, qui subirent le martyre à l'actuel
Saint Maurice en Valais), très répandu en Suisse à l'époque, aurait
influencé le choix de la croix blanche sur fond rouge, car dans
beaucoup représentations des saints on les voit avec de tels armoiries
ou même un tel drapeau. N'est pas exclu non plus, que le pennon impérial,
rouge à la croix blanche traversante lui aussi, aurait eu un poids dans
le choix de l'emblème confédéré.
Chaque formation possède son enseigne (compagnie), sa
cornette (dizaine ou
escadre), ses banneroles (chambre), son guidon (archers ou piétons), aux mêmes
couleurs et aux même signes distinctifs pour une même compagnie...
Les emblèmes
A partir de 1473 on distingue:
-une enseigne, ou étendard, de compagnie avec éventuellement la bannière
personnelle du conducteur;
-quatre cornettes d'escadre marquées respectivement C, CC, CCC, CCCC;
-16 banneroles de chambre que les chefs de chambre portent sur leur salade;
chaque bannerole porte le ou les "C" de son escadre, ainsi que le
numéro de la chambre;CCC/III désigne donc la deuxième chambre de la
troisième escadre. La bannerole est représentée sur certaines estampes du
maître Wa;
-le pennon, ou guidon, des archers et quatre
cornettes d'escadres;
-le pennon, ou guidon, du capitaine des gens de pied avec trois enseignes de
centainiers qui sont plus courtes.
En 1460, on parle déjà de banneroles et dès 1471, les enseignes, les
cornettes
et les banneroles sont prescrites pour les compagnies, pour les dizaines et pour
les chambres. Le choix du motif, sa disposition et sa grandeur peuvent varier
d'une compagnie à l'autre, mais, afin de permettre une identification rapide,
motif et couleur sont les mêmes au sein de la compagnie. Les motifs que l'on
rencontre habituellement sont: l'image d'un saint, différent pour chaque
compagnie; le briquet et la pierre de Bourgogne que l'on rencontre fréquemment;
une toison d'or, beaucoup plus rare; deux flèches croisées pour les archers;
ne ou plusieurs arbalètes pour les arbalétriers; des bâtons croisés et des
flammes pour les couleuvriniers. Les enseignes se distinguent à leur forme
triangulaire et alongée avec une ou deux queues; leurs dimensions varient entre
120 centimètres sur 360 et 135 sur 486. Les cornettes sont rectangulaires et
mesurent 47 centimètres sur 278. Il est excessivement difficile d'identifier,
à l'heure actuelle, les quelques emblèmes que conservent les musées suisses.
Les Fahnenbücher, les peintures ou les miniatures ne reproduisent pas toujours
de façon précise et détaillée la réalité. Diebold Schilling a consacré
beaucoup de miniatures aux emblèmes bourguignons, suisses et autres.
Colonel Charles Brusten / Les compagnies d'ordonnance dans
l'armée bourguignonne / Revue internationale d'histoire militaire no 40 1978
Extraîts choisis des mémoire d'O.
de la Marche et plus particulièrement des Estat de la maison
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Soubs l'escuyer sont trompettes, menestriers, et tous joueurs
d'instrumens, messagiers et chevaucheurs portans les armes du prince ;
et leur donne le prince la retenue, et l'escuyer leur me et leur boyte
armoyée- Il a en garde la coste-d'armes et l'estendart : mais les
paintres qui les font sont vallets de chambre, et n'ont que faire à luy
que pour leur mestier. Les armuriers sont pareillement varlets de
chambre, et respondent à l'escuyer seulement, et non à autre. Les
painctres font les cottes d'armes, banieres et estandarts
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les bannieres de ses subjects ne se reployent point, mais se desployent
: et la raison est que les enseignes doivent reverence à l'estandart,
comme font les petits batteaux en la mer devant une carracque
529
Et pour l'autre enseigne, qui est la banniere, on doit aussi hommage et
service; et pource desploye chascun baneret la banniere de ses armes,
pour monstrer qu'il sert en personne, et qu'il veut tenir sa foy et
loyauté, comme il doit mourir et vivre avec son prince.
L'estandart doit estre painct des couleurs et devise du prince, afin
d'estre recognu, et doit avoir un fer de lance au bout de l'estandart en
haut : car l'escuyer (au besoing ) peut coucher son estandart, si la
banniere est à celle heure desployée, et pareillement doit avoir fer
la lance du penon, pource que l'escuyer du prince est si pres du prince
ordonné en la bataille, qu'au besoing il le doit deffendre, et faire
lance de son pennon. Et ne sceus oncques, par escrit ou autrement, où
le pennon fut desployé sans la baniere, ne la
baniere sans le penon :
mais j'ay bien sçeu et veu de bien grandes choses soubs l'estandart du
prince seulement; et pour le tiers point, l'escuyer doit estre juste :
car il se mesle de toutes les pompes et parures qui se font pour le
prince, d'armer et atinter (parer) le prince, soit pour la guerre, ou
pour tournoy, ou pour joustes son estandart doit chevaucher en armes le
premier de tous escuyers, excepté quant
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le penon est desployé, comme j'ay dit dessus : car chascune esquadre
doit accompaigner son enseigne. Or je demande, si le prince
chevauchoiten armes par esquadre, et ne portassent que les cornets des
esquadres, et que l'estandart n'y fut point, s'il venoit un effroy à
laquelle des quatre cornettes se viendroient rallier les escuyers, je
respons que ce seroit à l'escuyer d'escuyrie, et ce pour deux raisons :
la premiere, pource que l'on est plus accoustumé que tous soient soubs
la gouvernance de l'estandart et soubs la sienne, que des autres : et
l'autre raison, pource qu'il est plus accoustumé de tenir enseigne que
nuls des autres; et je cuyde bien juger de bailler l'autorité à
l'escuyer quant à ce point.
Nota qu'il y a guidon à l'estandart comme
penon à la baniere,
que jamais à
la guerre on ne ploye : car c'est à quoy et soubs qui les archers se
conduisent et rallient, et le gouverne le capitaine des archers du
prince.
voir aussi http://www.dielanden.nl/cdo/compagnie_de_ordonnance/compagnies.html
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