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Episode 4 - L'alerte est donnée dans les camps

Le vieux et fidèle Troylo*, s'apprête à regrouper encore 4000 hommes supplémentaires  pour lancer une contre attaque  contre ces masses compactes prêtes à recevoir le choc frontal. Un coude à coude forcené en assure la résilience**. Veit Weber écrira la strophe impressionnante décrivant les éclairs que jetaient les larges épées sur un vaste périmètre, les longues piquent tendues. Ces larges épées assoiffées de sang et les longues piques qui le burent. Dans la confusion, un détachement de l'avant-garde suisse atteint la position d'artillerie par un chemin difficile*** et fait fuir les fantassins bourguignons. Les couleuvrines du gros des troupes ne tardent pas à effrayer les chevaux des gens d'armes lorsque ces derniers  ne tombent pas entre les mains d'enfants perdus qui agissent comme tirailleurs ......

* dont le duc de Bourgogne s'était acquis les services en 1472, la même année que le condottiere napolitain Campo-Basso qui n'aura de cesse le trahir si l'on en croit Commyne. Sur les quatorze compagnies engagées à Morat, sept viennent du duché de Milan et trois de Savoie. Outre les 400 déjà mentionnés, 500 archers anglais sont également  incorporés dans le corps de réserve. Ils  utilisent l'arc long (Longbow) qui fut expérimenté avec succès contre les shiltrons écossais (bataillons de piquiers) à Falkirk en 1298. Il triompha ensuite à Crécy puis à Azincourt.

** il n'est pas question de rompre l'alignement et de mettre en péril la vie de ses camarades. Selon le droit germanique ancien, le lâche est défini sur le même plan que le criminel, comme celui qui brise la Friede, le tissu intime sur lequel se fonde la  cohésion de la tribu. On a décrété contre lui la mort civile et il se voit traité à l'égal d'une bête féroce. Le Convenant de Sempach (1393) impose que les" troupes restent ensemble, loyalement comme l'ont toujours fait nos pères..." 
A l'origine, le carré se composait de mille à deux mille hommes, disposés sur une profondeur de 35 rangs et alignés sur un front de 50, soit 50 mètres puisque le maniement de l'arme exigeait qu'il disposât sur sa gauche de 50 cm. Avec la pratique, l'espace en vint à se réduire et le carré put se resserrer, le piqier travaillant alors le buste en torsion. La formation devait couvrir une surface totale de 2500 m2. Par la suite elle s'accrut numériquement pour incorporer jusqu'à six mille hommes ( 85 hommes sur 70 rangs).
 
(Franco Cardini, La culture de la guerre

*** Cet épisode n'est relaté que dans la chronique de Bâle. Il est vraisemblable que ni Panigarola ni Etterlin ne s'en soient aperçus. Le combat n'a pas duré longtemps.