En 1466, Berne et Soleure signèrent un traité d'amitié avec
Mulhouse. Forte de cette sauvegarde, Mulhouse reprit la lutte contre les seigneurs des
états des Habsbourgs voisins. Le 25 juin 1468, les Confédérés pénétrèrent dans le
Sundgau et décidèrent bientôt d'aller régler le conflit dans lequel Schaffhouse se
trouvait engagée contre l'Autriche. Ils investirent Waldshut que Sigismond d'Autriche
renonça à débloquer faute d'effectifs. Des pourparlers aboutirent à la conclusion de
l'accord de Waldshut du 27 août 1468. Une indemnité de guerre de 10000 florins du Rhin
fut reconnue. La jouissance de Waldshut et des villes de la Forêt Noire fut abandonnée
aux Seigneurs des Ligues jusqu'au complet paiement de cette dette.
La noblesse autrichienne poussa alors Sigismond à s'allier avec un prince qui put avancer
la somme nécessaire et lui prêter assistance contre les Confédérés.
Louis XI refusa tandis que le duc de Bourgogne accueillit favorablement la requête. Par
le pacte de Saint-Omer ratifié en mai 1469, Sigismond céda à Charles le Téméraire ses
droits sur le landgraviat de Haute-Alsace, sur les villes forestières et sur le comté de
Ferrette et fit insérer une clause de rachat. Les cantons n'entendirent pas que Mulhouse
eût à souffrir du changement de domination et prièrent le marquis de Rothelin,
gouverneur intérimaire, de régler les affaires de cette ville au mieux des intérêts de
leur alliée mais Rodolphe de Hochberg fut bientôt remplacé par Pierre de Hagenbach qui
fit monter la tension.
Le grand bailli et ses fonctionnaires " Welches " instituèrent quantité de
mesures impopulaires dont lintroduction du "böser Pfennig " sur le vin ne
fut pas la moindre. Le mécontentement devint palpable jusque dans les villes impériales
voisines soumises à diverses pressions.
L'installation du duc se fortifia aux dépends de la cause des Habsbourg en Alsace. Tant
les seigneurs de la Basse Union que Frédéric III et Louis XI s'en inquiétèrent. Ce
dernier résolut de réconcilier l'archiduc avec les Confédérés déjà acquis à cette
politique de collaboration.
Un pacte dit " dUnion héréditaire "
est passé avec lAutriche tandis quest conclue une alliance avec la France.
Le 21 février 1474, les envoyés de l'archiduc furent
autorisés à siéger officiellement à la diète de Bâle aux côtés des délégués des
cantons, des représentants de la Basse Union et de plénipotentiaires français. Les
modalités de rachat furent fixées le 23 février. Le montant fut estimé
à 80000 florins que prirent en charge Bâle, Colmar et Schlestadt pour une moitié et
Strasbourg pour l'autre. Le 30 mars les cantons* signèrent le Pacte d'Union héréditaire "Ewige Richtung " avec les ambassadeurs d'Autriche. Ils
promirent ainsi une loyale assistance à l'archiduc qui leur reconnaissait la possession des
villes et territoires autrichiens dont ils s'étaient emparés.
Le lendemain, les évêques de Strasbourg et de Bâle conclurent un pacte avec les villes
de la Basse-Union, les huit cantons confédérés et Soleure pour assurer la paix.
Sigismond passa également un traité d'amitié avec les villes de la Basse-Union puis
dénonça son traité avec le duc de Bourgogne le 6 avril 1474. Le 11 avril la population
de Brisach se souleva, arrêta Hagenbach qui ne pouvait plus payer ses mercenaires. Il fut exécuté le 9 mai
après un mauvais procès. Le
rachat et la prise de possession de lAlsace par lAutriche fut notifiée au duc
de Bourgogne. Le 22 avril, la Basse Union envoya sa
déclaration de guerre au duc de Bourgogne qui préparait une campagne contre l'évêché
de Cologne. Ce fut le propre
frère de Hagenbach qui se chargea des représailles dans le Sundgau en août 1474.
Les huit
cantons déclarent la guerre au duc de Bourgogne
Les Confédérés se concertèrent sur l'attitude à
prendre. Les petits cantons craignaient que les marchés lombards leurs soient fermés en
raison du jeu des alliances. Le 21 octobre 1474 les cantons
donnèrent leur accord à la conclusion dun traité dalliance avec Louis XI, roi de France qui assura aux Confédérés, en cas de
guerre, aide matérielle ou à défaut financière . Le 25 octobre ils envoyèrent
une lettre de défi à Charles le Téméraire. Berne fut chargée de la transmettre au nom de la Confédération.
Le défi lancé est traduit comme suit : " Nous, bourgmestres, avoyers, échevins et
habitants de la communauté de la Grande Confédération, déclarons à Votre
Sérénissime Seigneurie et à tous les vôtres, pour nous et pour tous les nôtres, une
honorable et ouverte guerre ! "
Bataille
dHéricourt 13 novembre 1474
Les Confédérés purent alors répondre à lappel et envahirent le comté
de Montbéliard. Avec lalliance française, la Confédération put compter sur un
budget militaire lui permettant de sapprovisionner en artillerie et en poudre à
Nuremberg ou à Strasbourg.
Berne rompt avec le
duché de Savoie et pousse ce dernier vers une alliance avec ceux de Bourgogne et de Milan
Berne se tourna vers la
Savoie et incita la
régente Yolande à déclarer la guerre au duc de Bourgogne. Elle fit le contraire, à
Moncalieri, le 30 janvier 1475 et entra dans une alliance avec Galeazzo Sforza, duc de
Milan et Charles. Ces manuvres nétaient pas du goût des autres
Confédérés. Le 27 février 1475 la Diète de Zoug prononça quil ne serait pas
toléré quun canton fasse la guerre à la duchesse de Savoie ou au duc de Milan,
sans le consentement ni la volonté de tous les autres.
Le 17 mai 1475 la Diète délibéra même sur un projet de se servir des fonds français
pour acheter la seigneurie de Sargans. Les opposants à la guerre songèrent à entamer
des négociations séparées avec la Bourgogne.
Encouragées par la victoire dHéricourt, les Bernois avaient repris les opérations
en commençant par Pontarlier. Villes et châteaux furent ensuite pillés dans le pays de
Vaud. Quelques Lucernois et les alliés de Fribourg et Soleure participèrent aux
massacres.
Les évènements qui suivirent semblèrent donner raison au parti de la paix. Le 29 août
1475 le Traité de Picquigny mit fin à la guerre anglo-française. Sur un pont construit
tout exprès sur la Somme, le roi de France proposa 75000 écus d'or à l'Anglais, et une
rente annuelle de 50000 écus, qu'Edouard IV accepta en échange de son retrait.
A Soleuvre, le 13 septembre, Louis XI concluait une trêve avec la Bourgogne et proposait
que lAlsace soit à nouveau abandonnée à Charles. Il continua cependant à assurer
la solde des futurs mercenaires que devaient lui fournir les Confédérés.
Le Valais sallia aux Bernois et envahit le Bas Valais pour faire obstacle au passage
des troupes lombardes que Charles réunissait.
Les ravages continuèrent dans diverses possessions savoyardes. Ils sétendirent jusquà Genève. En
octobre 1475, une déclaration de guerre fut signifiée à Jacques de Romont. Cest
à ce moment que Morat fut occupée.
Charles après avoir levé le siège de Neuss se jeta sur la Lorraine et se
prépara à attaquer les Suisses. Les Bernois retournèrent au pays mais laissèrent
des garnisons à Grandson et à Morat.
Dans sa première tentative de percée vers Berne, larmée engagée pour la
libération du pays de Vaud passa par Orbe puis Yverdon. Bloquée à Grandson, elle en fit
le siège qui ne dura que quelques jours. Elle put prendre, pendre ou noyer de façon
déshonorante lensemble des hommes de la garnison. Larrivée du gros des
troupes confédérées la surpris et la mis en déroute le 2 mars 1476. Charles rassembla
de nouvelles troupes et reconstitua du matériel pour se diriger, de Lausanne, vers Berne.
Une bannière confédérée était déployée sur cette deuxième route et le défiait.
Celle de Morat.
Le siège de Morat
Dès le 9 juin 1476, des corps darmée furent affectés au siège de la
ville défendue par près de 2000 hommes. Berne et Fribourg sollicitèrent les
Confédérés pour leur porter secours. Quelques combattants étaient venu renforcer la
garnison de Fribourg tandis que les alliés du pied du Jura restaient vigilants mais il
fallut attendre quune armée bourguignonne tenta détablir des têtes de pont
aux frontières de Laupen, Gummenen et Aarberg le 12 juin pour décider certains
Confédérés ou alliés à respecter leurs traités dassistance réciproque.
Certains retardataires manquèrent la bataille
du 22 juin !
*du latin médiéval canto qui signifiait d'abord coin, quartier, puis
partie d'un pays. Il sagissait de Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne, Zurich, Glaris,
Zoug et Berne.