Au
point du jour du 22 juin 1476, 600 cavaliers conduits par les chevaliers
Herter, de Fleckenstein et de Nuwenstein (Neuenstein ?) firent une dernière reconnaissance et
constatèrent que le gros de l'armée du duc n'avait pas
bougé de ses camps.
La veille, le Conseil de guerre avait décidé
de porter le poids de l'attaque sur l'aile droite ennemie et de surprende les
grand'gardes sur le plateau
Burg-Salvenach-Villars-les-Moines où se trouvait le retranchement du "Grünhag".
L'aventurier Veltin von Neuenstein, capitaine des Bâlois, est connu pour être
l'auteur du plan de bataille
On répartit l'armée en 3 divisions
(Schlachthaufen) selon l'usage:
Une avant-garde dotée de la plus grande
partie des armes à feu et arbalètes. Elle était formée par 6000 fantassins de
Fribourg, Oberland, Entlibuch, Schwyz, Gruyère et Château-d'Oex placés sous
le commandement de Jean de Hallwyl, secondé par Guillaume de Faussigny. Les piquiers constituaient le gros des
effectifs.
1800 cavaliers assuraient sa couverture: A droite le duc le Lorraine,
les comtes d'Oettingen et de Linanges. A gauche les comtes de Thierstein et de Gruyère,
le baron d'Eptingen.
Le soutien était assuré par le corps de
bataille attribué à Hans Waldmann.
Il était composée de 12000 hommes :
Berne, Zürich, Uri, Unterwald, Bienne, La Neuveville, Bâle, Saint-Gall,
Schaffhouse, Valais, Alsace, Rottweil, Payerne, Thurgovie, Argovie, comté de
Baden.
Les bannières avec médailles et cordons
allégoriques se trouvaient au milieu du corps entourées d'une garde de 1000
piquiers. Les trabans encadraient les bannerets. Les arbalétriers et couleuvreniers étaient
reconnaissables à leurs fanions triangulaires.
L'arrière-garde avait pour chefs Gaspard
de Hertenstein et son adjoint Rod. de Reding.
Elle comprenait 6000 hommes de Lucerne,
Zug, Glaris, Soleure, Rheintal, comté de Sargans, comté de Neuchâtel, comté
de Valangin, Léventine. 2000 enfants perdus couvraient les flanc
de l'armée et de l'artillerie.
Le départ tant attendu fut donné vers
11h après la cérémonie de sacre d'environ 300 nouveaux chevaliers.
A la sortie du bois, Hallwyl arrêta ses
troupes pour la prière avant de repartir au son des fifres et des tambours sur
la Haie verte (Grünhag).
Effectifs bourguignons de la Haie verte :
Outre l'artillerie forte de quelques 30 canons s'y
trouvaient les archers du corps (cap de Mailly);
les archers à cheval anglais de Dickfield
et Middleton; les compagnies d'ordonnance de Vergy et
Antoine Troylo, soit 1200 cavaliers et 2000 fantassins. Un renfort de 1800
hommes (300 lances) arriva encore vers 11h dont 600 hommes du Palatinat
(chevalier de Flörsheim).
Ces avant-postes étaient constitués par
les effectifs d'une partie du 3e corps sous le sire de Clessy.
Son camp situé entre Villars-les-Moines
et Bois Domingue abritait la gendarmerie de la maison du duc, les gentilshommes
de la chambre et des Quatre-Etats, les Anglais du duc de Somerset et la troupe
de la garde.
Le 2e corps formé en 3 divisions dont une
de réserve se trouvait dans la plaine du Greng. Il était sous les ordres du
Grand Bâtard.
A 12h15 les Suisses étaient à portée de
tir de la haie verte. Ils serraient les files et comblaient les vides sous les
projectiles.
Leur artillerie se porta entre
l'infanterie et la cavalerie. Cette dernière attendait que l'obstacle fût
emporté et se faisait faucher.
Les fantassins qui s'acharnaient sur la
palissade étaient tués à bout portant. Les autres durent reculer.
C'est alors que la cavalerie bourguignonne
fondit sur celle des Ligues Suisses.
Dietrich in der Halden et les Schwyzois
passèrent par un chemin étroit, trouvèrent un passage mal gardé et neutralisèrent
les Anglais. Une nouvelle attaque de front emporta les défenses. Après une
demi heure, 500 hommes étaient tombés pour que l'on puisse planter sur la
position conquise les bannières
à l'étoile noire de Thoune, au chêne de
l'Entlibuch, à la croix de Schwyz et à la grue d'argent de Gruyère.
La destruction de l'aile gauche
bourguignonne entraîna l'évacuation générale.
Au bois Domingue, Charles montait enfin en
selle.
L'ensemble de la cavalerie Bourguignonne
afflua dans les pentes de Chantemerle. Ils furent bientôt 4000 qui purent se
former en bataille et repousser la gendarmerie des Alliances qui parvint à se réfugier
derrière les lignes de Hallwyl et de Waldmann. L'infanterie s'arrêta pour
recevoir les charges. Dès qu'elles faiblissaient les détonations des
couleuvrines et des arquebuses faisaient s'emballer les chevaux qui entraînèrent
dans leur débandade l'infanterie bourguignonne qui tentait de se déployer. Troylo qui aurait pu recueillir les
fuyards de plateau de Burg fut bientôt submergé.
A 13h, le plateau était nettoyé.
A 14h le mouvement de recul s'était
communiqué à l'arrière. Les îlots de résistance furent balayés.
La poursuite talonna l'ennemi, tandis que
l'arrière garde qui passa au Sud de Villars-les-Moines fit une conversion à
droite à Courgevaux et se rabattit sur Greng. Tout de qui n'avait pas dépassé Faoug
fut acculé au lac. Bubenberg put faire sa sortie que la division d'Antoine de
Legnana était désormais incapable de repousser.
Les Bourguignons esquissèrent une dernière
résistance dans leur fuite au passage du Chandon. Paniragola témoigna de sa
peur.
A la fin de cette journée
épouvantable
22065 cadavres avaient rejoint la cohorte des martyrs.